samedi 19 décembre 2015

De l'apologie de la faute d'orthographe et de l'incorrection grammaticale.

Non, je ne suis pas devenu fou. Non, je n'ai pas décidé de me départir de mes fonctions de garde-chiourme du baroquisme et de chantre de la lettre. Non, je ne vais pas vous exhorter à mal écrire ou à dénaturer notre langue. Jamais je ne cautionnerai un genre de charcutage syntaxique ou une violence verbeuse. Mais je peux ici vous l'annoncer : le français est un fleuve qui divise son cours en de multiples rivières. Certaines sont sinueuses à l'extrême, mais toutes retournent dans le lit originel. Certains méandres relèvent d'une sinuosité crasse, doublée de putrides remugles nauséabonds, mais aucun bras n'achoppe contre un barrage insurmontable. Non, vous allez le voir bien vite : notre langue permet à chacun d'entre nous de faire les pires erreurs possibles sans qu'on puisse le lui reprocher. Et sa mansuétude est telle que toutes ces « fautes acceptées » sont codifiées et nomenclaturées. Nous allons donc parler ce soir des tropes et des figures de style, les incroyables armes dont la rhétorique dispose afin de plier le langage sous son joug. Les bombes H du style, celles qui peuvent vous faire passer du statut de cancre à celui de poète. Du moins si vous avez le talent nécessaire à leur usage.

jeudi 10 décembre 2015

100% des statistiques prouvent que le terrorisme ne tuera plus.

Je ne me lasserai jamais de le répéter à l'envi : les statistiques sont un fléau international quand elles sont utilisées dans un cadre usant de rhétorique ou dans les médias. Pour prouver mes dires, je vais utiliser une vidéo humoristique de Bazzo TV (média comique québécois) qui est devenue virale sur les réseaux sociaux ces derniers jours.

Comme ça, ce sera rigolo et vous n'aurez pas eu l'impression de perdre dix minutes à lire plein de texte abscons.



Voici donc la fameuse vidéo :


Mettant en relation deux statistiques (à peu près) factuelles, l'humoriste Louis T. essaye de dédramatiser la psychose relative aux attentats terroristes. Voici ces données statistiques :
- Il y a environ une chance sur 116 millions de mourir dans un attentat terroriste.
- Il y a environ dix fois plus de chances de gagner à la loterie canadienne "6/49".

samedi 21 mars 2015

L'amphibologie et le Gouvernement : une fable 2.0

Je sais que je serai probablement taxé - à tort ou à raison - de doux noms d'oiseaux par la plupart d'entre vous, comme par exemple "grammar nazi", "muscaphile" ou encore "relou de première", mais j'estime être en droit de pouvoir critiquer le Gouvernement. Oh, pas sa politique (ce n'est pas le lieu pour cela) mais sa syntaxe. Comprenez par là que même si l'intention est louable, la méthode peut être sujette à caution. Voyons cela ensemble.

Sachez, bonnes âmes, que notre Gouvernement (si, comme moi, vous habitez sur le territoire français) est une sorte de chic type idéal, barbu et sympa (puisque barbu), mais en beaucoup mieux. Sachez également qu'il fait ce qu'il est censé faire : protéger les faibles, les veuves, les orphelins, les vieux, les enfants, les malades, les handicapés (merci de ne pas faire la liaison dans votre tête, cela m'empêche de dormir), les animaux... bref, il protège tout le monde sauf les criminels. Criminels qu'il protège tout de même lorsqu'ils sont mis en prison, ce qui place le gouvernement français en bonne place sur la liste des canonisations potentielles, entre l'abbé Cédaire et Monseigneur Lapince. Notre Gouvernement, ce n'est pas de la petite bière, croyez-le bien... mais plutôt un Chuck Norris croisé avec un Judge Dredd à la baguette bien ferme. Et avec la classe de Robert Redford en sus. Carrément. You, lovely boy.

vendredi 23 janvier 2015

Lettre ouverte au Bien Public et au Journal de Saône-et-Loire

Chers collègues, je ne vais pas tourner autour du pot : je suis hors de moi.

Avant-hier, un ami m'a mis sous le nez un article daté du 20 janvier 2015 et issu du site internet du Bien Public, le journal régional de la Côte-d'Or. "Tiens, ils testent des jeux vidéo au BP maintenant, tu vas voir... ça va te faire plaisir", ajouta-t-il en riant. Bien évidemment, il sait que je suis souvent très critique envers mes pairs et que je suis aussi intransigeant et quelque peu tatillon.
Connaissant le Bien Public depuis des années (je passe dans ses colonnes régulièrement, puisque dans le coin les spécialistes en jeux vidéo ne courent pas les rues), j'ai d'abord essayé de relativiser le problème. Mais au fur et à mesure de mon avancée dans le texte, mon étonnement est devenu exaspération. Puis mon exaspération est devenue colère.
Conscient d'être parfois excessif dans mon approche sans concession de la langue française et de l'éthique journalistique, je me suis mis en quête de témoins et d'avis neutres. J'ai donc fait lire cet article à divers joueurs de mon entourage (joueurs lambda, joueurs très entraînés, patron de magasin de jeux vidéo, amis journalistes, etc.), sans en révéler la source. La réaction a partout été la même, se résumant ainsi : "C'est quoi ce tas de fumier ? Tu fais travailler des gosses ou des stagiaires, maintenant ?". Une fois la source révélée, la colère est montée chez tout le monde. Car il faut bien avouer que cet article est une insulte faite à la communauté des joueurs, ainsi qu'une honte pour la profession de journaliste spécialisé.

jeudi 22 janvier 2015

Florent Pagny est un menteur (grammaticalement parlant).

Note pour mes amis - journalistes ou non - qui mésusent de leur droit à la "liberté de penser" : on n'écrit pas "la liberté de penser" lorsque l'on parle de "la liberté de pensée". Vous imaginiez qu'il s'agissait de la même chose ? Que nenni.


La liberté de pensée n'est pas "le droit à pouvoir penser", mais bien "le droit à produire, puis formuler une pensée". "Penser" n'est pas une liberté, mais bien un fait non géré par une loi. En effet, personne ne peut stricto sensu "empêcher quelqu'un de penser", à moins de le lobotomiser. Ce qui, je le rappelle, est strictement interdit par la loi. La télévision est donc un problème, certes... mais nous verrons cela un autre jour.

La signification des mots "liberté de pensée" est bien entendu assujettie au fait que la personne en bénéficiant "pense" par elle-même (principe fondamental des Lumières, le fameux "sapere aude" - ose penser ! - de Kant), ce qui est bien, et puisse ensuite exprimer ses pensées hors de son microcosme privé, ce qui est mieux. Malheureusement, les termes "liberté de penser" n'ont pas cette puissance de signification. Une liberté de "penser" n'autorise qu'à "penser". Dans sa tête, donc, ce qui est particulièrement non-productif dans un contexte social.

jeudi 15 janvier 2015

Charlie Hebdo : ne croyez plus au Père Noël.


de Chuck Norris
Ranch Cordell Walker,
Dallas, TX, USA
Le 14 janvier 2015

Cher Petit Papa Noël,
Je t'écris cette lettre parce que je suis particulièrement déçu par les cadeaux que tu m'as envoyés cette année. Le coffret VHS des épisodes de la série Robocop et les dessous de verres en forme d'étoiles de ninja, ça, c'était génial. Mais très franchement, le reste de la commande est arrivé vraiment trop tard et était de surcroît complètement à côté de la plaque. Je n'ai jamais demandé ça dans ma lettre, qui pourtant était excessivement claire. Te connaissant depuis mon enfance, je me suis dit que tout allait s'arranger et que ton SAV ferait le nécessaire. Mais cela fait maintenant trois semaines que Noël est passé et j'ai bien compris que rien n'allait bouger de ton côté. Sache que je suis très énervé, et que je pense même te mettre une appréciation négative sur eBay.

Je ne voudrais pas te faire remettre les mains dans les carnets de commandes alors que tu es encore en vacances, mais je te demande quand même de vérifier tes archives, et pas plus tard que tout de suite. Je pense en outre porter réclamation auprès du siège central de la "Père Noël inc." pour tromperie manifeste sur le service et la marchandise. En effet, ta position de gérant ne t'octroie pas tous les droits, et je doute que ton directeur général soit enchanté par cette lamentable erreur. Même si tu vas me dire que ça vient d'un souci informatique, crois-moi, Père Noël, pour toi ça sent le sapin.

mardi 13 janvier 2015

Nous sommes les ignorants, et Charlie est toujours Charlie.

Les caricaturistes du monde entier, la mine triste, se sont donné la plume pour fustiger les terroristes.
Les intellectuels se succédant sur les plateaux télé ont cherché - et parfois trouvé - des raisons aux gestes, des réseaux souterrains, des "pourquoi", des "comment".
Les chanteurs ont chanté la peur, la haine désabusée et le profond chagrin.
Les journalistes ont supposé, et parfois se sont justifiés.
Les comiques ont pesté, puis se sont esclaffés dans une sarabande de larmes.
Les écrivains ont écrit et ont planté des mots comme on plante des barricades
Les philosophes ont parlé, ont essayé de comprendre, ont souvent disserté.
Les policiers ont protégé, ont été aimés - presque pour la première fois - et ont finalement été placés en symbole d'une carapace contre le terrorisme.
Les anonymes ont défilé, faisant bloc comme la morale, la raison et l'éthique le demandaient.
Les athées ont défilé, souvent convaincus que la religion était le problème.
Les croyants ont prié, en un souci de communion face à l'horreur et à la perversion de la Foi.
Certains Musulmans ont protesté contre l'apologie de Charlie Hebdo, mais ont tout de même condamné les auteurs des attentats.
D'autres Musulmans ont pris part dans les cortèges, fiers d'appartenir à notre Nation.
Les politiques ont défilé, puis ont pris des résolutions, asseyant ainsi leur rôle de gardiens de la Liberté élus par un peuple qui les accepte enfin, au moins pour un jour.
Les pirates informatiques ont piraté, enfin heureux de pouvoir prouver leur utilité.
Les commanditaires ont pavoisé, avec une fierté qui finalement est assez logique.
Leurs sympathisants ont rigolé, ils se sont même empressé de le twitter.
Les conspirationnistes ont conspiré, parce que c'était quand même un bon moment pour ça.
Les contestataires ont hurlé dans le vent qu'ils étaient récupérés, voire aliénés.
Les victimes ont été pleurées, et on a parfois parlé de les venger.
L'Union a été déclarée, et avouons-le tout net : elle était magnifique.