jeudi 22 janvier 2015

Florent Pagny est un menteur (grammaticalement parlant).

Note pour mes amis - journalistes ou non - qui mésusent de leur droit à la "liberté de penser" : on n'écrit pas "la liberté de penser" lorsque l'on parle de "la liberté de pensée". Vous imaginiez qu'il s'agissait de la même chose ? Que nenni.


La liberté de pensée n'est pas "le droit à pouvoir penser", mais bien "le droit à produire, puis formuler une pensée". "Penser" n'est pas une liberté, mais bien un fait non géré par une loi. En effet, personne ne peut stricto sensu "empêcher quelqu'un de penser", à moins de le lobotomiser. Ce qui, je le rappelle, est strictement interdit par la loi. La télévision est donc un problème, certes... mais nous verrons cela un autre jour.

La signification des mots "liberté de pensée" est bien entendu assujettie au fait que la personne en bénéficiant "pense" par elle-même (principe fondamental des Lumières, le fameux "sapere aude" - ose penser ! - de Kant), ce qui est bien, et puisse ensuite exprimer ses pensées hors de son microcosme privé, ce qui est mieux. Malheureusement, les termes "liberté de penser" n'ont pas cette puissance de signification. Une liberté de "penser" n'autorise qu'à "penser". Dans sa tête, donc, ce qui est particulièrement non-productif dans un contexte social.


On pouvait déjà être mis sur la voie en lisant les intitulés des autres libertés : "liberté de culte" (ou de religion), "liberté de conscience", "liberté d'expression", etc. On voit bien ici qu'il ne s'agit que de substantifs, et pas de verbes. D'ailleurs, que diriez-vous à la place de "liberté de culte", par exemple ? Liberté "d'avoir une religion" ? Liberté "de pratiquer une religion" ? Avouez que personne ne dit cela, et que ce type de dénomination ressemble plus à une nomenclature administrative qu'à la signification d'une liberté fondamentale.

Mais il y a encore plus intéressant. Si l'on regarde les définitions des termes "penser" et "pensée", on comprend bien vite que la locution "liberté de penser" est particulièrement restrictive (je n'utilise ici que les acceptions correspondant à notre problématique, issues du site du dictionnaire Larousse) :

- penser (verbe transitif) : "Avoir telle ou telle opinion sur tel sujet. Comprendre, déduire."
- pensée (nom féminin): "Ensemble des processus par lesquels l'être humain au contact de la réalité matérielle et sociale élabore des concepts, les relie entre eux et acquiert de nouvelles connaissances : la pensée logique, les démarches de la pensée."

Il est évident que la "pensée" est bien plus profonde que le simple fait de "penser". Structurellement parlant, on peut comprendre que le "produit fini" est plus important que le "moyen utilisé pour l'obtenir". Ainsi, le tableau d'un artiste sera plus important dans l'absolu que le fait de "peindre". De plus, si l'on veut être strictement logique, aucune pensée ne peut être émise sans qu'au préalable le fait de penser soit intervenu. On peut donc bien entendu en déduire que la pensée étant l'aboutissement du fait de penser, certes, mais également d'autres facteurs (expression, gestion du contexte, etc.).

Vous pouvez donc dès à présent écrire "liberté de pensée" sans vous tromper, et conspuer Florent Pagny qui, lui, n'a jamais vraiment compris ce concept et l'a malheureusement trahi dans son titre "Ma liberté de penser" (écrit par Lionel Florence). Parce que s'il s'en était tenu à la définition stricte de ces termes, il aurait gardé cette chanson... dans sa tête. Il ment donc à ce propos. C'est vilain, Florent. Très vilain.

Nota bene : la "liberté de panser" est quant à elle liée au serment d'Hippocrate. Je  ne vais donc pas disserter sur ce sujet ici.

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