Note pour mes amis - journalistes ou non - qui mésusent de leur droit à la "liberté de penser" : on n'écrit pas "la liberté de penser" lorsque l'on parle de "la liberté de pensée". Vous imaginiez qu'il s'agissait de la même chose ? Que nenni.
La liberté de pensée n'est pas "le droit à pouvoir penser", mais bien "le droit à produire, puis formuler une pensée". "Penser" n'est pas une liberté, mais bien un fait non géré par une loi. En effet, personne ne peut stricto sensu
"empêcher quelqu'un de penser", à moins de le lobotomiser. Ce qui, je
le rappelle, est strictement interdit par la loi. La télévision est donc
un problème, certes... mais nous verrons cela un autre jour.
La signification des mots "liberté de pensée" est
bien entendu assujettie au fait que la personne en bénéficiant "pense"
par elle-même (principe fondamental des Lumières, le fameux "sapere aude" - ose penser ! - de Kant),
ce qui est bien, et puisse ensuite exprimer ses pensées hors de son
microcosme privé, ce qui est mieux. Malheureusement, les termes "liberté
de penser" n'ont pas cette puissance de signification. Une liberté de
"penser" n'autorise qu'à "penser". Dans sa tête, donc, ce qui est
particulièrement non-productif dans un contexte social.
On pouvait déjà être mis sur la voie en lisant les intitulés des autres libertés : "liberté de culte" (ou de religion), "liberté de conscience", "liberté d'expression", etc. On voit bien ici qu'il ne s'agit que de substantifs, et pas de verbes.
D'ailleurs, que diriez-vous à la place de "liberté de culte", par
exemple ? Liberté "d'avoir une religion" ? Liberté "de pratiquer une
religion" ? Avouez que personne ne dit cela, et que ce type de
dénomination ressemble plus à une nomenclature administrative qu'à la
signification d'une liberté fondamentale.
Mais
il y a encore plus intéressant. Si l'on regarde les définitions des
termes "penser" et "pensée", on comprend bien vite que la locution
"liberté de penser" est particulièrement restrictive (je n'utilise ici
que les acceptions correspondant à notre problématique, issues du site
du dictionnaire Larousse) :
- penser (verbe transitif) : "Avoir telle ou telle opinion sur tel sujet. Comprendre, déduire."
- pensée (nom féminin): "Ensemble
des processus par lesquels l'être humain au contact de la réalité
matérielle et sociale élabore des concepts, les relie entre eux et
acquiert de nouvelles connaissances : la pensée logique, les démarches
de la pensée."
Il
est évident que la "pensée" est bien plus profonde que le simple fait
de "penser". Structurellement parlant, on peut comprendre que le
"produit fini" est plus important que le "moyen utilisé pour l'obtenir".
Ainsi, le tableau d'un artiste sera plus important dans l'absolu que le
fait de "peindre". De plus, si l'on veut être strictement logique,
aucune pensée ne peut être émise sans qu'au préalable le fait de penser
soit intervenu. On peut donc bien entendu en déduire que la pensée étant
l'aboutissement du fait de penser, certes, mais également d'autres
facteurs (expression, gestion du contexte, etc.).
Vous pouvez donc dès à présent écrire "liberté de pensée" sans vous tromper, et conspuer Florent Pagny
qui, lui, n'a jamais vraiment compris ce concept et l'a malheureusement
trahi dans son titre "Ma liberté de penser" (écrit par Lionel
Florence). Parce que s'il s'en était tenu à la définition stricte de ces
termes, il aurait gardé cette chanson... dans sa tête. Il ment donc à
ce propos. C'est vilain, Florent. Très vilain.
Nota bene : la "liberté de panser" est quant à elle liée au serment d'Hippocrate. Je ne vais donc pas disserter sur ce sujet ici.
... et la "liberté de peser"?
RépondreSupprimerok, je sors.
Ça marche aussi pour les palefreniers.
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