samedi 6 septembre 2014

CRITIQUE : "Merci pour ce moment", les sept péchés capitaux de Valérie Trierweiler

Crédit Photo : Max PPP.

Critique (presque) littéraire de « Merci pour ce moment »
(éditions Les Arènes, 2014)
« La critique est aisée, mais l’art est difficile », écrivait Philippe Destouches. « Sans la liberté de blâmer, il n’est pas d’éloges flatteurs », tempéra par la suite Beaumarchais dans son Mariage de Figaro. Je remercie ce dernier, qui me permet ainsi d’écrire ce qui suit (et a permis au journal qui a pillé son œuvre de lui voler un leitmotiv, en plus de son nom).



« Haïssons-nous vivants » : le juste titre de ce match François/Valérie ?
Si je montre que je suis tout aussi doué que le Huffington Post pour trouver des phrases sorties des poubelles de mon cerveau, je veux surtout souligner que cette critique n’est pas anodine. Le livre « Merci pour ce moment » de Valérie Trierweiler est en effet annoncé comme le nouveau « hit » qui va secouer le monde littéraire de cette rentrée ennuyeuse. Cité partout comme un brûlot digne de finir dans une fosse septique, il fallait que je vérifie tout cela. Certes, je ne suis pas critique littéraire mais critique vidéoludique (disons que je trouve cette expression jolie, à défaut de la trouver grammaticalement acceptable). Mais croyez-moi : si je peux donner un avis journalistique pertinent sur Chrono Cross ou Just Dance 4, je crois que je peux également critiquer ce livre. Attention : je n’avais AUCUNE idée préconçue d'avant lecture. Il s’agit d’une critique objective, basée sur des critères stricts et une analyse libre de toute pression idéologique. Un peu écrite à chaud, j'en conviens, mais si j'attends cinq mois, je doute que la pertinence du propos et l'intérêt du lecteur soient au rendez-vous.

Les sept péchés capitaux de Valérie Trierweiler

L’acédie (la paresse)
La paresse est un péché capital, mais n'imaginez pas qu’il s’agit de la paresse physique. Non, l’acédie désigne la paresse mentale. Si Valérie Trierweiler nous avoue avoir fait une dépression après sa « répudiation » (terme qu’elle utilise) et passer plus de temps au lit que debout, je ne prends pas cela en ligne de compte. J'évoque bien ici la paresse psychologique qui la pousse à ne pas structurer son texte et à ainsi rendre la totalité du récit presque illisible. Comprenez-moi bien : ce livre est une insulte lancée à la face de tout écrivain qui se respecte, de tout journaliste consciencieux et de tout élève qui écrit des rédactions. Il s’agit d’un récit de vie, d’une autobiographie sélective (sur un temps assez court de neuf ans) écrit par une professionnelle du verbe. Outre le fait que ces neuf années sont pareilles à un morceau de gruyère - criblées d’énormes trous – elles sont également présentées d’une manière tout à fait insupportable pour le lecteur. Pas de ligne de temps logique : on passe du coq à l’âne au gré des divagations de madame Trierweiler, qui va par exemple commencer un chapitre en2014 pour rebondir sur un flashback de 2009 qui va lui-même faire ressurgir une image de 2005. En réalité, à moins de connaître À L’AVANCE la vie de l’auteur, on a beaucoup de mal à suivre le fil de cette… autobiographie. Un comble.
Passons cette incorrection de temps, et entrons dans l’incorrection tout court. Ce récit est parsemé de fautes tellement énormes qu’elles en énervent le lecteur aimant la grammaire. Je vous vois frétiller… Voici donc quelques exemples éclatants :

« Quant à moi, je ne renonçais pas à mon périple en vélo. » (À vélo)
« Je ne suis pas une Rastignac au féminin. » (UN Rastignac au féminin. Si le mot est déjà au féminin, il n’y a aucun intérêt à vouloir le féminiser)
« Je ne les ai jamais perdus de vue, ils sont venus me voir à l’Élysée, intimidés de me retrouver là, trente ans après avoir été vendeuse chez eux. » (phrase sans aucun repère en ce qui concerne le sujet, qui passe de « je » à « ils », puis revient à « je » sans vergogne)
« j’ai de l’eczéma sur mon visage » (redondance : « j’ai de l’eczéma sur LE visage ». Et évidence :on ne peut pas avoir de l’eczéma sur le visage de quelqu‘un d’autre)
« Tellement inconnue que j’attends François une heure et demi à la sortie dans ma voiture [...] » (plus haut, elle écrit « Après une heure et DEMIE de route », preuve qu’elle connaît cette règle)
« Mon équipe m’apprend que j’ai dansé avec Brahim Zebda, l’ex de Madonna […] » (ce monsieur se nomme Brahim ZEIBAT. Inexcusable dans un livre qui a été relu. Le groupe Zebda doit aussi apprécier)
« Au total, cent vingts cars quittent l’Île-de-France [...] » (cent VINGT cars)

Bref, j’en ai laissé des dizaines de côté, imaginez donc le massacre. Espérons simplement qu’aucun enfant ne prendra cette chose pour un livre sérieusement écrit. Vous me répondrez que c’est la relecture qui n’est pas bonne, que le livre a été terminé dans son écriture le 30 juillet seulement, et que les relecteurs étaient à la plage… Je n’accepte pas ces excuses. On ne livre pas aux masses un livre non corrigé. C’est une honte, a fortiori pour une « journaliste ».
Et puisque le mot est lâché, parlons-en de ce métier de journaliste. Après plusieurs chapitres dignes d’un épisode de « Sydney Fox : l'Aventurière », on comprend bien qu’elle est une excellente JOURNALISTE POLITIQUE. Ah ça, elle le répète une dizaine de fois (j’ai vérifié), et rien ni personne ne saurait mettre ce dogme en doute. D’ailleurs, la preuve en est qu’elle « écoute avec dévotion François Mitterrand » en 1989. Elle n’hésite pas non plus à écrire, lorsqu’elle évoque la constitution du gouvernement Ayrault : « La moitié des ministrables dont les noms circulent me sont d’ailleurs inconnus. Ils viennent des entrailles du PS, des radicaux et des Verts. »
Une EXCELLENTE journaliste politique, sans aucun doute. 18 ans qu’elle évolue dans les sphères du PS, et elle ne connaît finalement personne à part les amis de François Hollande, qu’elle va d’ailleurs connaître plus intimement. C’est probablement le summum de sa carrière de journaliste politique, qui démontre son intégrité. Cela nous mène tout naturellement au péché suivant.

La luxure
Même si le titre de ce livre peut évoquer quelque rapport interlope et sous-entendre une teneur pornographique, il faut bien avouer qu’il n’en est rien. Pourtant, on détourne souvent le regard quand on le lit. La raison tient en un simple mot : impudeur.
En effet, l’impudeur gagne avec « Merci pour ce moment » ses lettres de noblesse. On peut y lire des rapports très détaillés sur des scènes de ménage privées, des pseudo tentatives de suicide, des moments intimes d’une vie qui n’est pas la nôtre. Bizarrement, le résultat est bien plus sale à lire que dans la presse people qui généralement régule le flot des ordures du gotha.
Je ne suis pas un bienséant, un puritain ou un rétrograde, loin s’en faut. Néanmoins, cet étalage public m’a semblé pour le moins déplacé. Oh, je ne dis pas qu’il est interdit de laver son linge sale en public… mais j’affirme que cela ne rend pas celui-ci plus propre.
Je ne préfère pas commenter le fait que le second intéressé a la fonction de Président de la République actuellement en service, puisque c’est la seule raison qui fait de ce récit un appât certain pour les éditeurs et les lecteurs. Chacun y verra le reflet de sa propre moralité, je ne prendrai pas parti. Ma conviction est que cela dessert Valérie Trierweiler et sa famille. Elle voit cela comme une libération. À chacun son prisme déformant. Le sien l’a malheureusement poussée à tomber dans un autre piège moins difficile à pardonner, que nous allons ensemble étudier.

L’orgueil
Valérie Trierweiler est une femme issue de la rue, et je peux vous dire qu’une fois le livre terminé vous ne verrez plus une ZUP du même œil, particulièrement celle d’Angers. Grâce à la « magie » de l’écriture, cette ZUP qui symbolise l’enfance de notre héroïne va devenir un quartier digne des « Misérables ». Non, la petite Valérie n’était pas dans le besoin. Non, non, non. Sachez qu’elle était PAUVRE. Oh, ça, je vous l’affirme. Entre les descriptions d'un père handicapé et violent et d'une mère qui n’a d’autre choix que de devenir caissière (les caissières apprécieront), de nombreux pavés sont voués à l’étalage de sa condition miséreuse. D’ailleurs, elle souligne que François Hollande la surnomme parfois « Cosette ». Je vous assure que je n’avais pas attendu cette « révélation » du milieu du livre pour l’avoir déjà mentalement affublée du même sobriquet. Ma compagne a eu le même réflexe au bout d’une dizaine de pages, c’est dire. Valérie Trierweiler aime se plaindre, le fait est indéniable. À partir du moment où il fait ce constat, plus rien ne fonctionne sur le lecteur. Ce livre n’est qu’une succession de plaintes, de lamentations et de « ce n’est pas ma faute, c’est LUI le méchant ». On a évité de près le « c'est celui qui dit qui est » et le « miroir miroir ».
Puis, apparemment consciente que cet apitoiement n’aide pas quant à l’image de la Femme qu’elle renvoie, elle va y ajouter un élément intéressant : l’orgueil. Ainsi, de« femme qui se plaint en permanence », elle va passer « première dame qui se plaint en permanence ». La nuance est subtile, puisqu’ainsi elle se place dans une nouvelle caste sociale, loin de la ZUP, qui pardonne tout. Elle n’hésite pas à abuser des rapports qu’elle a entretenus de manière fugace avec Carla Bruni-Sarkozy, Michelle Obama, ou Danièle Mitterrand. Elle se place donc comme « première dame de France », tout en pleurant en permanence à propos du fait qu’elle ne soit pas mariée, et donc « non officielle ». Bien entendu, elle ne manque pas de noter qu’elle a refusé par trois fois d’épouser François Hollande. Je ne vais pas continuer la démonstration, il vous suffit d’aller chercher un DVD de la série « Caliméro » pour comprendre.
Outre cet orgueil qui lui vient de son ascension sociale inespérée (elle martèle qu’elle a aimé Hollande alors qu’il était à 3% dans les sondages, qu’elle était désintéressée. Puis elle susurre sympathiquement qu'il est revenu à ce score), elle ajoute un orgueil qui ne fait une fois pas honneur à la cause féminine : le narcissisme. Le monde tourne autour de Valérie Trierweiler. Son homme devient Président de la République ? Qu’à cela ne tienne, elle doit empêcher le monde de le voir embrasser Ségolène Royal. Elle commet une erreur terrible en lâchant un tweet fâcheux en rapport avec les élections législatives de 2012 : c’est finalement la faute de Hollande qui lui a menti. À chaque fois, elle trouve une pirouette digne d’un spectacle de cirque pour se sortir du pétrin dans lequel elle s’est trouvée à l’époque. Elle parle d'inconscient. Il a bon dos, son inconscient. Chez les autres, on nomme cela aisément de la bêtise.
Je ne veux absolument pas dédouaner François Hollande, qui a l’air d’être particulièrement insupportable, mais j’aimerais préciser une chose : lorsque vous fréquentez les sphères politiques (ce qui est mon cas actuellement), vous apprenez très vite que l’apparence est reine dans ce milieu, que les volte-face sont nombreuses et inattendues. Et malgré une vingtaine d’années de journalisme politique, elle en est encore à s’étonner de cet état de fait ? Elle trouve incroyable que le mensonge soit possible dans son couple ? De deux choses l’une : ou elle essaye de se faire passer pour une ingénue au QI d’un escargot de Bourgogne, ou elle tente de nous flouer quant à son véritable travail à Paris-Match. Mais je doute que l’on donne une carte de presse à une stagiaire qui fait des photocopies. Je penche donc pour une solution la plus évidente : elle se moque du lecteur.
Mais je parlais de narcissisme, et je n’en ai pas donné la véritable cause. Dites-vous bien que madame Trierweiler aime répéter à l’envi que François Hollande l’aime. Elle répète aussi qu’il lui envoie des textos, qu’il est fou d’elle, qu’il ne respire que par elle. On en viendrait même à croire qu’il a quinze ans et du Biactol plein le baise-en-ville qu'il range sur son scooter. Bien entendu, chaque mot relatif à cet amour est associé à deux choses :
- La première est le fait qu’elle aussi l’aime comme une folle. Elle utilise ces mots « je suis droguée à lui », elle parle d’amour fou.
- La seconde, c’est le couperet qui tombe immanquablement à la fin de chaque tirade (et elles sont nombreuses) : elle fait un bon mot sur le mensonge, et dit qu’elle ne reviendra pas. AH AH AH, il fait moins le malin, le François, hein ? Bref, vous aurez compris que lire ces passages relève d’une douleur des plus vives. Mais je peux vous le dire sans risquer de me tromper : si jamais vous voulez sortir avec Valérie, François risque de vous péter votre petite gueule à la récré.

L’avarice
Valérie Trierweiler est – je vous l’ai dit plus haut – la pauvreté faite femme. Elle ne cesse de répéter qu’elle ne veut dépendre de personne financièrement, et qu’elle est financièrement responsable de ses trois garçons. Elle utilisera ses trois fils comme autant d’arguments la garantissant d’une propreté immaculée au fil du texte, et les enfants de Hollande comme des cibles faciles. Au bout du compte, on a envie de lui dire que cela suffit, que les gosses des autres ne sont pas vraiment des sacs de frappe littéraires et les siens autre chose que des garants de bienveillance.
Fi de tout cela ! Elle continuera à utiliser sa famille, jusqu’au moment fatidique où elle parle des « pauvres ». Ah, ça, on peut dire que cela a été repris partout dans les médias. Vous savez, quand elle écrit que Hollande appelle les pauvres les « sans-dents » ? Bah, il faut bien avouer que cette phrase n’est pas le centre de sa réflexion sur la pauvreté. Non, non, sa bataille c’est sa famille, à propos de laquelle François Hollande a eu la bêtise de dire une fois : « elle est pas jojo, la famille Massonneau », dans un excès de rime très inspiré. Et là, on apprend tout. Que Hollande est un salaud qui pète dans la soie et méprise les pauvres, que ses potes sont eux aussi cousus d’or. Que sa famille à elle est un exemple de clan de Français moyens qui ne méritent pas qu’on se moque d’eux, et que les pauvres sont tous représentés par madame Trierweiler. Je force le trait, mais c’est ce que le lecteur perçoit.
Je veux dire par là que Valérie Trierweiler cherche en permanence à se justifier, et surtout à justifier sa propre existence. Exclue de la case politique de Paris-Match, elle est devenue critique littéraire par défaut. Elle ne se lasse pas de répéter qu'elle en est fière, malgré un incroyable « […] je ne prétends pas être une critique littéraire. » Diantre ! Elle n’en est donc pas une. Et après avoir lu sa prose sur le site de Match, je suis enclin à lui accorder ce point. Bref, elle cherche à justifier son statut de première dame quand elle l’est, et pourquoi elle continue à faire « comme si » une fois sa séparation d’avec Hollande effective. Elle se justifie particulièrement par rapport à l’argent, écrivant qu’elle a « tout rendu » des cadeaux qu’on a pu lui faire. Qu’elle n’a rien gardé, qu’elle est clean avec la République. Et puis pour se donner une image positive après un déballage des plus crasses, elle se fait chantre des causes : pile-poil le rôle des premières dames « classiques ».
On peut donc dire que Valérie Trierweiler aime les pauvres, puisqu’elle en est une (d'après elle). Puis on comprend qu’elle aime les handicapés, les victimes d’excision, les filles violées, et en règle générale tous ceux qui sont considérés comme des « causes ». Et là, c’est le pompon. Elle va surenchérir, parlant de cas de misère parfaitement insondable. Elle va user de suicidaires, de femmes poussées à toutes les extrémités. Puis elle va savamment cultiver le fait qu’elle est utile, pour en faire germer l’idée chez son lecteur. Mais dites-moi, quel est donc le thème de ce livre ? Car depuis le début, on change en permanence de sujet : Hollande, Valérie, les enfants, Ségolène,la politique, son rôle… et enfin les handicapés, les persécutés et les pauvres. Bien entendu, en rappelant en permanence ses racines modestes, elle fait corps avec cette misère, pour exacerber un pathos qui semble tellement artificiel qu’il en devient malsain.
Comble du comble, elle n’hésite pas à dire qu’elle détestait ses gardes du corps, quitte à les mettre dehors quand l’un d’eux s’assied sur le lit conjugal pour régler les chaînes de leur télévision. Elle parle également de moult voyages (pour la République ou pour Match), sans jamais parler de ses enfants – alors qu’ils sont TOUT pour elle, croyez-la – et du fait qu’elle n’était quasiment jamais avec eux. Alors on me souffle en coulisses qu'elle a la garde partagée, et qu'ils ne sont pas toujours dans ses basques. Certes. Je m'étonne simplement à nouveau du fait que ses fils ne soient finalement que des prétextes dans ce livre. Oui, des prétextes et des justificatifs de "bonne conduite". Mais ils ne sont associés à aucune date marquante de sa vie... à part leurs naissances.
Et puis quand elle évoque un réveillon en amoureux sur une île de Thaïlande, elle ne paraît pas vraiment représenter le prolétariat et les pauvres. Je n’y vois que des mots.
D’ailleurs, elle use sans s’en rendre compte des mêmes artifices que son ancien compagnon. Au lieu de répéter de nombreux « moi, Président… », elle serine sans fin des « être première dame, c’est… » qui ressemblent plus à de la méthode Coué qu’à une véritable démonstration.

La gourmandise
Valérie Trierweiler ne mange pas trop, non. Sa gourmandise - son « trop » - c’est dans les mots qu’elle la cristallise. Tout, dans ce livre, est beaucoup trop précis. Entre les heures exactes à la minute près et les détails absolument impossibles à se rappeler à moins d’être doué d’une mémoire eidétique, notre narratrice nous raconte de belles fariboles (terme qu’elle déteste). Les phrases courtes n’énonçant qu’une seule chose à la fois ressemblent à un discours politique une fois mises bout à bout. Et si je peux dire une chose à propos de ces discours,c’est qu’ils sont plus remplis de mensonges qu’on ne peut l’imaginer. Le style de madame Trierweiler donne une aura de mensonge à ses écrits. On a l’impression de lire un procès-verbal, un alibi. Je sais, cela n’a aucune valeur critique, mais l’impression de non-sincérité qui en résulte est à mon sens particulièrement important.
Valérie Trierweiler est également gourmande de nouvelles technologies. Je vous présente le nombre d’occurrences pour les termes suivants :
Twitter (5) / Tweet (23) / Réseau(x)social(aux) (3) / SMS (17) / Texto (8) / Mail (5)
De fait, les réseaux sociaux apparaissent comme un personnage à part entière.
Elle appelle les gens du peuple, bons ou mauvais pour elle, les « anonymes ». Elle nomme ses followers de la même manière. On se rend compte au fil des pages qu’elle twitte tout. Absolument tout. Et lorsqu’elle prend son homme à ne pas la renseigner à propos d’un sujet secret, elle twitte au monde entier (de son propre aveu) une chose qu’elle regrettera ensuite. Puis elle se demande pourquoi François Hollande lui cache certaines choses apparemment anodines. La réponse est évidente.
Car Valérie Trierweiler aime Twitter. C’est même tout ce qui lui reste, tant ses « amis » journalistes et politiques la méprisent. Alors elle fraye avec les « anonymes », même quand ceux-ci la salissent et la traînent dans la boue. Je ne sais même pas quoi en penser, si ce n’est qu’une psychothérapie est évidente, à ce stade. Twitter semble être sa chair et son sang, bien plus que ses propres enfants. Si je peux me le permettre : c’est triste.
Comme je l’ai dit plus haut, ses tweets la mènent souvent à l’échec, par manque de discernement et de sang-froid. Et c’est là le dernier péché capital dont nous allons parler.

La colère
La colère est ce qui perd Valérie Trierweiler. Cette colère l’a aveuglée, et l’a poussée à prendre la parole sans même y réfléchir. Cette même colère lui a fait commettre ce livre. Cette colère de femme bafouée, légitime dans l’absolu devient l’instrument de sa perte et de sa chute médiatique. Jamais, après un livre pareil, elle ne pourra espérer être crédible comme journaliste ou comme simple « spécialiste politique ». Elle avoue être malléable, crédule, colérique. Cela n’a aucun sens, puisqu’elle dit aussi que rien n’est sa faute. Tout ceci fait partie d’un imbroglio textuel qui ne lui rend vraiment pas hommage.
Malheureusement, le contexte de la sortie de ce livre (remaniement ministériel, sondages désastreux pour Hollande et Valls) fait que les lecteurs ne retiendront que les attaques frontales et les révélations balancées sous le coup d’une colère proche d’un l’amour/haine si classique qu’il en devient ridicule. Les sans-dents et les SMS d'amour du mois dernier, les anecdotes sur Julie Gayet et les blagues sur les casques de scooter.

Pour une poignée de péchés de plus
Valérie Trierweiler n’est malheureusement pas un bon écrivain. Voulant ancrer son récit dans le réel, elle se laisse emporter par des facilités de romancier descriptif et va citer toutes les marques qui lui passent par la tête. Malheureusement, cela n’a aucune pertinence, et ressemble farouchement à du placement produit. Rolex, Vanessa Bruno, Chopard, Écouffier, etc. Bizarrement, d’autres ayant plus de pertinences ont passés sous silence. Je ne fais pas un procès d’intention, attention ! Je dis simplement que citer certaines de ces marques est absolument non pertinent sur le plan narratif. Je me demande donc pourquoi cette « pauvre » de la ZUP d’Angers s’amuse à les citer à tout bout de champ.
Une autre chose amusante : madame Trierweiler n’évoque que très peu la période pendant laquelle François Hollande et elle trompaient son ex-mari et Ségolène Royal. À part une envolée lyrique digne d’un journal intime de lycéenne sur leur premier baiser, il n’y a presque rien. Les enfants sont là aussi utilisés comme faire-valoir, avec moult superlatifs comme « que j’aime plus que tout », utilisés par ailleurs pour décrire également François Hollande dans tout le reste du livre. Les enfants de notre Président, par contre, s’en prennent plein la tête. Fair play. J’y vois une impossibilité de se poster en « méchante » ou en briseuse de ménage. Non, il faut dire en permanence que madame Royal est insupportable et qu’elle n’a que ce qu’elle mérite. Re-fair play. Valérie Trierweiler n’a jamais une once d’empathie pour quiconque, à moins que cette personne ne soit amputée ou mourante. Je sais que ce que j’écris paraît horrible, mais c’est un fait : aucun être vivant ne trouve grâce à ses yeux, à part deux ou trois amis qui lui sont restés fidèles. C’est peut-être excessif.
Et puis il y a la réutilisation de certains termes à outrance. Une fois que vous aurez compris que la communiqué de « répudiation » rédigé par l’Élysée (parfois par Hollande seul, parfois par ses équipes. Tout se mélange) fait dix-huit mots, vous en aurez pour votre argent : ces « dix-huit mots » vont revenir sans cesse, histoire de les caractériser comme « la plus grosse affaire du siècle qui a brisé sa vie ». Je vous laisse juge de cela.

La meilleure citation de ce livre est assez éloquente. Elle évoque le contraire total de ce que représente son texte bien trop long et fouillis pour être supportable :

« Nous sommes à nouveau entourés d’un halo de pudeur. »

Ou pas.

Gérald Mercey


PS (forcément) : J'ai une autre citation en réserve qui m'a fait rire à gorge déployée. Pour vous montrer à quel point cette dame peut avoir des tournures malheureuses, je vous la livre. Le contexte est simple : elle fait le parallèle (encore) entre sa condition et celle de Michelle Obama, qui a mis de côté son métier d'avocate pour se consacrer à celui de première dame (et à son jardin, glose-t-elle). Elle va donc accoucher de l'exceptionnel morceau d'humour grinçant suivant :
« Elle aurait pu gagner des millions de dollars, participer à des procès de haut vol. »
C'est tellement beau qu'on dirait du Desproges. Si seulement c'était volontaire...

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